Dans le cadre de la Biennale de juin 2024 qui s’est tenue à Gennevilliers (Université de Paris Cergy CY) autour des questions de transmediation de la littérature de jeunesse et de ses médiations,je me suis intéressée à l’adaptation en série animée pour la plateforme Apple TV des histoires de Ranelot et Bufolet (Frog ans Toad) de Arnold Lobel. À l’annonce de cette version animée, mais avant sa diffusion, j’avoue ma curiosité pour une approche animée des délicieuses histoires qui charmaient les débutants lecteurs au début des années 80 dans mes premières classes, en tant qu’institutrice. Même si bon nombre d’œuvres de littérature de jeunesse adaptées pour l’audiovisuel ne sont pas servies favorablement par la transmédiation, j’attendais cette version avec intérêt parce qu’une première adaptation américaine des années 80 restitue avec qualité le charme de ces récits graphiques et que les enfants de l’auteur sont associés à la réalisation de cette nouvelle série.

Afin de développer la présentation, le contenu se répartira en trois parties à lire dans le blog :
Au printemps 2023, Apple TV a mis à disposition sur sa plateforme payante en ligne la série Ranelot et Bufolet (Frog and Toad) de Rob Hoegee qui adapte en film d’animation les nouvelles illustrées pour la jeunesse de Arnold Lobel auteur et illustrateur américain. Depuis juin 2024, une seconde saison est aussi visible. La série d’animation Ranelot et Bufolet adapte des histoires qui appartiennent depuis cinquante ans aux classiques de l’enfance aux USA et en Grande-Bretagne, mais également en France avec quatre recueils publiés à L’école des loisirs dans ses collections successives de premières lectures. Le premier ouvrage de la série, Frog and Toad are friends, paru en 1970, fut rebaptisé par l’éditeur français Ranelot et Bufolet en 1971. Pour le duo Frog and Toad (Ranelot et Bufolet), Arnold Lobel a créé vingt histoires brèves et illustrées, son premier recueil inaugurant une forme de nouvelles qu’il a aimé reprendre par la suite. Trois recueils suivirent entre 1972 et 1979 publiés en France presque simultanément : Une paire d’amis en 1972 ; Les quatre saisons de Ranelot et Bufolet en 1976 ; Cinq nouvelles histoires de Ranelot et Bufolet en 1980. Ces quatre recueils de cinq nouvelles chacun sont destinés aux lecteurs débutants : ils ont été publiés dans la célèbre collection « I can read Book » chez Harper and Row. Cette collection fut créée par Ursula Nordstrom, éditrice de 1940 à 1973 pour Harper & Row qui publia Maurice Sendak, Tomi Ungerer entre autres très grands auteurs d’albums pour la jeunesse.
Très populaire cette série d’histoires de Ranelot et Bufolet s’avère « la plus célèbre des classiques de Lobel aujourd’hui » dit Georges Shannon qui rappelle qu’aux Etats Unis « leurs histoires sont connues de la majorité des élèves d’école primaire et ont été traduites dans une douzaine de langue » (SHANNON, George, (1989) Arnold Lobel, p.86). En France, grâce aux publications traduites par L’école des loisirs, Arnold Lobel est connu dans les classes d’école primaire avec Hulul, Sept histoires de souris ou son album Le magicien des couleurs, sachant que La soupe à la souris et Porculus appartiennent aux listes de ministérielles (en cycle 2 en cycle 1) depuis 2013. Cette présence dans les corpus scolaires des premières lectures explique que l’approche critique de cette adaptation audio-visuelle soit aussi motivé par la question d’une possible didactisation d’un corpus transmédia autour de la série Ranelot et Bufolet.
Arnold Lobel est mort en 1987 à 55 ans laissant une bibliographie de presque soixante ouvrages dont plus de la moitié en tant qu’auteur et illustrateur car il a aussi créé des images pour les textes d’autres écrivains. Son œuvre est assez homogène que ce soit du côté de l’illustration ou des types de textes qu’il a privilégiés : des recueils de nouvelles, de fables, des contes courts, donc des formes brèves et souvent rimées. Et du côté de ses choix graphiques, son illustration est reconnaissable, réalisée à partir d’aquarelle et influencée par des images anciennes, même s’il l’a fait évoluer entre le début des années 60 et le milieu des années 80. Les récits illustrés créés par Lobel reposent sur la confrontation de ses personnages, des animaux anthropomorphisés, à des problèmes concrets et simples qu’ils ne traitent pas toujours de façon logique. George Shannon qui a consacré à Lobel un ouvrage en 1989 cite l’article de Jacqueline GMUCA qui présente l’auteur comme « important dans le livre d’images contemporain » dans Twentieth Century Children’s writers (1983) :
« Ses œuvres contiennent deux des qualités intemporelles qui ont traditionnellement défini les œuvres classiques de la littérature pour enfants : l’humour et la vérité. »
C’est le cas avec Ranelot et Bufolet dont les histoires drôles et sensibles offrent une narration « pleine d’esprit et de piquant » selon Margery Fisher, une critique anglaise des années 70. Les quatre recueils de Lobel sont très représentatifs d’une littérature de jeunesse des années 70-80 qui conçoit une forme adaptée aux jeunes lecteurs sans sous-estimer leur compréhension ni réduire son message. En effet l’auteur a su tirer le meilleur parti des contraintes narratives de la collection « I can read Picturebook » -ou « Première lecture », jouant avec les sous-entendus et les ellipses, conjuguant humour et profondeur entre texte et images. Son projet littéraire fut reconnu par plusieurs prix importants, notamment l’éminente médaille Caldecott, et ses nouvelles illustrées qui associent récit pastoral et nonsense pour des débutants lecteurs ont été appréciées par les spécialistes du livre pour enfants. En 2000, Françoise Ballanger les présentait comme « « Un chef-d’œuvre discret d’humour et de légèreté » dans son article « Les grandes petites histoires d’Arnold Lobel » ( Revue des livres pour enfants 193-194, pp 71-79).

Le questionnement initial se fondait donc sur les qualités des récits de Lobel en se demandant si cette réactualisation des histoires de Ranelot et Bufolet par la série Apple TV permettait d’envisager une didactisation de l’œuvre dans le cadre d’un réseau transmédiatique. Rien de moins évident au vu des multiples écarts avec l’œuvre source et les libertés prises par l’équipe de réalisation des épisodes animés ! Mais pour étayer ce jugement, il est important de présenter le media cible en tenant compte de ses spécificités. Puis, en deuxième partie, tout en relevant diverses modifications qui altèrent l’intérêt des récits sur les plan narratif et littéraire dans la série TV, je rappellerai les dimensions qui font la saveur des aventures de Ranelot et Bufolet. La dernière partie arrêtera la réflexion sur le public ciblé et la question de la médiation.
Partie 1
Un media de masse audio-visuel pour actualiser des livres de premières lectures
La série Apple TV de Frog and Toad, qui est co-produite par Adam et Adrianna Lobel, enfants de l’auteur, s’appuie sur la grande popularité intergénérationnelle des livres de Lobel. Parue en 2023 et 2024, elle s’appuie sur la réception favorable d’un certain nombre d’adaptations antérieures, à commencer par deux films d’animations en volumes et stop-motion, sortis en 1985 et 1987 mais non diffusés en France parce que non traduits. De plus, la notoriété du duo de personnages est aussi entretenue par un spectacle musical co-créé par les Frères Reale et Adrianna Lobel pour Broadway, représenté dans tous les USA depuis 2002 : ce spectacle joué par des acteurs fut récompensé d’un Tony Award et est repris dans d’autres configurations jusqu’à aujourd’hui. Côté francophone, Ranelot et Bufolet est aussi proposé en spectacle musical ou théâtre de marionnettes. Ces différentes transmédiations antérieures montrent que les histoires de Ranelot et Bufolet sont séduisantes pour les adaptateurs, ce qui dépasse probablement le simple enjeu commercial. Le chercheur Thierry Groensteen désigne cette qualité des œuvres sous le terme d’adaptogénie c’est-à-dire qu’une ou plusieurs caractéristiques rendent cette œuvre compatible pour l’adaptation.
1.1 Des écarts dus au changement de média
Dans le cadre d’un colloque qu’il dirigeait sur la transécriture en 1998, Thierry Groensteen a également répertorié les types d’altérations s’opérant dans l’adaptation d’une œuvre et parmi eux les écarts dus au changement de media, de contexte de réception et de public qui ont des incidences sur plusieurs paramètres de la narration et plus largement sur la fiction. Comme pour toute adaptation en film, les caractéristiques du media imposent des modifications inévitables au moment de la transmédiation : a minima, le mouvement filmique et la bande-son.
Bande annonce Série Apple TV (s.1 et s.2) : https://www.apple.com/fr/tv-pr/originals/frog-and-toad/trailers-videos/
Pour Ranelot et Bufolet, les histoires sont racontées par un flux d’images animées et colorées à partir de supports dessinés car les producteurs ont choisi une technique d’animation classique, non numérique. Le récit visuel se substitue ainsi souvent au narrateur, des parenthèses visuelles prennent en charge certains passages narratifs comme par exemple les fréquentes déambulations des personnages qui donnent l’occasion de scènes bucoliques. Le film anime aussi les dialogues et développe ou efface certaines scènes grâce aux effets de montage. Par exemple dans l’épisode « La liste » (s1 ép. 6), les ajouts de scènes muettes et musicales créent des capsules visuelles au service de la poésie de l’histoire. Car le media dessin animé est créé avec une bande-son, racontant avec des dialogues et des bruitages mais également avec de la musique et des chansons qui occupent une place importante dans cette adaptation-là. En effet, la série ajoute un personnage récurrent de chanteur avec sa guitare et des concerts d’animaux, des fêtes et des danses. Ces ajouts font principalement référence aux spectacles musicaux et à leur répertoire de chansons, créés par les enfants Lobel à partir des livres. Ces adaptations en théâtre musical ont été à l’origine de versions audios multiples, notamment avec une variante assez libre des histoires en chants, donc rimés. Cette source intermédiaire correspond à un cas que Thierry Groensteen identifie quand une transmédiation entre une œuvre 1 et une œuvre 2, est influencée -ou nourrie- par une œuvre 3, ici les versions musicales.
À partir de ces éléments assez habituels de l’adaptation en dessin animé, d’autres paramètres de la transmédiation résultent par contre de choix de production qui prennent de nombreuses libertés avec les livres d’Arnold Lobel. Les choix des producteurs et du réalisateur peuvent paraitre paradoxaux entre la logique commerciale audio-visuelle et ce qu’ils annoncent respecter de l’œuvre de Lobel dans cette adaptation.

1.2 une logique de série loin de la construction des recueils de nouvelles
La série de livres est constituée de quatre recueils de 64 pages avec des histoires d’environ 12 pages, comportant des illustrations à chaque double page. Concernant la forme choisie pour la série Apple TV, la logique commerciale les a autorisé à une prise de liberté importante qui détruit la cohérence des recueils et ajoute des histoires. Face aux vingt nouvelles écrites par Lobel, la série diffuse trente-trois histoires, treize épisodes sont donc créés par les scénaristes. La série d’épisodes est composée en deux saisons : neuf épisodes en S1 (printemps et décembre 23) et huit en S2 (fin mai 24) dans lesquels les vingt histoires des livres peuvent être retrouvées mêlées aux autres. À ce sujet, Adrianna Lobel confie que le projet lui a paru assez cohérent pour faire confiance au réalisateur dans un entretien publié au moment de la sortie de la saison 1 :
Site Comic Book Resources (17 juin 2023) : https://www.cbr.com/frog-toad-adrianne-adam-lobel-interview/
Seuls les films ayant fait l’objet d’une adaptation des histoires des livres sont mentionnés ici.
La production a choisi une réorganisation de l’ensemble sans véritable lien avec la chronologie de parution des livres. En effet, les histoires adaptées sont présentées de façon désordonnée, puisque choisies aléatoirement dans les quatre recueils. Par exemple l’épisode 1 de la S1 est composé de la troisième nouvelle du second recueil de 1972 et de la dernière nouvelle du premier recueil de 1970. Cette éloignement de la logique des livres originaux ne répond ni à une nouvelle cohérence narrative ni à une logique thématique. Pourtant la construction en recueil se structure autour du duo de personnages n’est pas anodine. George Shannon (1989) en précise l’organisation : « Chaque volume commence par l’histoire de Frog ou Toad qui se rend chez l’autre. Les histoires du milieu présentent des activités partagées. À la dernière ou à l’avant-dernière histoire, ils se sont séparés, mais pour se retrouver à la fin du livre avec un sentiment d’amitié intensifié. » L’adaptation casse donc une logique littéraire pourtant créée par Arnold Lobel comme un ensemble articulé de nouvelles organisée pour un sens global.
Les épisodes durent entre 20 et 25 mn avec une moyenne de 10 à 11 mn pour chacune des histoires (hors générique). La production explique son choix de réunir deux histoires par épisode sans qu’aucune source scientifique ne soit mentionnée : la durée choisie correspond à une moyenne conseillée sur les sites commerciaux aux enfants de 3 à 4 ans. Pour obtenir cette durée de film, le réalisateur a également dû allonger les récits par divers procédés et cette modification a évidemment une incidence sur l’histoire racontée, ici des nouvelles avec une trame narrative ténue se voient gonflées par des évènements répétitifs et des chansons.
Une autre logique apparait avec les deux courts métrages d’animation réalisés en stop motion par J Clarke Matthew (Churchill films), en 1985 et 1987 : ces films duraient 18 mn chacun, générique compris, pour 4 et 5 histoires d’environ 4 mn chacune par film. Ce parti-pris révèle une posture d’adaptation choisie au plus près des nouvelles car les deux films adaptent les deux premiers recueils de 1970 et 1972 avec une très grande fidélité. Les jeunes lecteurs des nouvelles y retrouvent ainsi l’intégralité du texte des livres avec la voix narrative qui raconte par la voix d’Arnold Lobel lui-même.

Frog ans Toad are friends, film entier de 1985 (19mn), publication sur Vimeo (non-commerciale) du producteur et réalisateur John Clarke Matthews (mis en ligne le 3 décembre 2020). Ressource vidéo en ligne : https://vimeo.com/486617264
Dans cette première adaptation animée, les histoires sont donc inchangées à l’exception de quelques développements de séquences muettes très cinégéniques comme des vues sur un large paysage pour des scènes montrant les personnages en déambulation.
Par contre, les épisodes de la série Apple TV optent pour un narrateur ciné-visuel en effaçant le narrateur du texte ce qui peut en partie s’expliquer avec le changement d’époque et les modes de consommation des films et séries TV, du fait de la familiarité du jeune public de 2024 avec la narration sur écran. Mais vu la part essentielle de l’image dans les médias pour enfants, le traitement des dimensions graphiques et visuelles de l’œuvre de Lobel doit également faire l’objet d’une attention.
1.3 Des choix pour animer l’univers graphique d’Arnold Lobel sur écran
De façon très globale, la série animée cherche à s’inscrire dans la continuité iconographique des albums, reproduisant un cadre bucolique à hauteur des personnages, reprenant bon nombre d’éléments visuels des images d’Arnold Lobel. Les enfants de l’auteur témoignent de la proximité recherchée avec les illustrations originales pour les décors du film qui ne reprennent toutefois pas leur légèreté technique, la grâce du trait ni la palette de verts et bruns jaunes que maitrisait si merveilleusement l’illustrateur. Cette dimension est importante car Arnold Lobel a créé son propre monde miniature, à hauteur de fleurs et plantes avec une tonalité déjà un peu surannée pour son époque.
L’auteur installe ses histoires dans un monde champêtre et hors temps, très distinct de celui des années 70 qui les ont vu publiés, car il est fortement influencé par l’univers d’animaux anthropomorphisés de Beatrix Potter et de Kenneth Grahame (Le vent dans les saules, 1908). Chez Beatrix Potter, il admirait des illustrations qui représentent les animaux gracieusement et naturellement dans ses récits illustrés. L’hommage de Ranelot et Bufolet à Jeremy Fischer (Beatrix Potter, Warne and co., 1906) (Jérémy-pêche-à-la-ligne, 1940 en France) est ainsi manifeste. Sur ses influences, G. Shannon témoigne d’un goût de l’illustrateur pour les références artistiques et historiques de la Grande Bretagne de la fin du 19è ou début du 20è siècle : les vêtements des deux batraciens, leurs cottages anglais et leur mobilier évoquent un univers un peu désuet de gravures anciennes. Les vignettes d’illustration dégagent un charme que le film d’animation ne restitue que peu, uniquement dans les décors grâce aux couleurs claires des arrière-plans et l’évocation d’un univers végétal sensible.

Du côté des personnages, leurs silhouettes restent globalement proches des dessins de Lobel mais ils sont stylisés, cernés d’un trait bien moins léger et bien plus denses en couleur. Mais selon les propos de Adrianna Lobel, la réalisation de la série a voulu soigner l’expression des visages : ce qui se comprend car les émotions des personnages, ici essentielles, sont communiquées par leur gestuelle et leurs regards.
Le dessin animé s’écarte des images sobres et délicates d’Arnold Lobel qui sont minimalistes, avec peu d’éléments d’arrière-plans, même s’il reprend parfois certaines compositions des illustrations et que certaines caractéristiques cherchent à référer aux illustrations des livres. Par exemple, les films animés renvoient aux images des livres originaux grâce à l’intégration dans le film de cadres aux angles arrondis sur un fond blanc, rappelant les vignettes des pages créées par Lobel. Ces cadres apparaissent dans le film pour mettre en relief certains moments – début et fin d’histoire ou séquence muette additionnelle sur fond musical par exemple. Autre apport intéressant du media, l’animation du dessin permet de figurer le mouvement d’un vent permanent que suggérait l’illustrateur grâce aux ondulations des végétaux dans les images. Enfin, il faut souligner que cette série n’abuse pas des jeux de points de vue ni des mouvements spatiaux habituels aux dessins animés contemporains pour la jeunesse. Les personnages se déplacent latéralement vers la droite ou vers la gauche, les images offrant majoritairement une construction sans véritable perspective comme dans les illustrations de Lobel.
Mais sur le plan des scènes représentées, certaines modifications changent le sens délivré par les images comme, par exemple, dans « Les glaces ». Bufolet qui revient de chez le glacier par temps de forte chaleur, est encombré de deux cornets qui fondent sur sa tête car ils sont immenses par rapport à sa taille de crapaud. Dans l’épisode animé, la proportion entre le crapaud et les cornets, réduits dans un rapport d’échelle humain, oblige à multiplier les boules de glace pour obtenir un problème identique. Cet exemple témoigne d’un manque de cohérence et d’une rupture avec l’univers miniaturisé créé par Lobel. De plus, cet écart qui pourrait sembler anodin modifie complètement le récit visuel, la chaine logique et l’effet comique.
Ci-dessous des pages extraites des recueils pour les trois exemples mentionnés :
Si certains décalages entre les images des livres et celles des épisodes cassent la cohérence interne des récits, l’harmonie champêtre qui enveloppe la relation du duo de personnages peut tout de même être communiquée grâce aux apports du dessin animé. En effet, les passages narratifs sont parfois remplacés par des séquences visuelles dont la qualité graphique enrichit le sens. Deux minutes de dessin animé ouvrent l’histoire « Le bouton perdu » développant le moment d’une « grande promenade » évoquée par Ranelot et Bufolet en incipit, l’occasion de cette déambulation déroule sur l’écran la végétation des paysages traversés (prairie, bois et rivière) mentionnés dans le texte de Lobel mais non illustrés. Ces ajouts peuvent aussi concerner la temporalité comme avec une séquence d’animation musicale qui condense les « quatre jours » d’attente d’une lettre, que Ranelot a écrit à Bufolet. Cette parenthèse animée joue sur l’alternance des jours et des nuits, montrant comment les deux amis occupent ce temps -ensemble- avec leurs activités préférées. Au-delà de la référence au temps et à l’espace, les scènes contemplatives que permet l’animation en dessin animé, communiquent parfois ce qui constitue l’essentiel du sens de ces histoires, laissant percevoir au spectateur la relation des deux amis et l’harmonie de leur vie au cœur de la nature.

à suivre vers la partie 2 et la partie 3 (avec la bibliographie)























































